La FED (la Réserve Fédérale Américaine) ou la banque centrale américaine, présidée par Jerome Powell, prend des mesures rigoureuses dans le but de réduire l’impact de l’inflation galopante qui affecte défavorablement les marchés d’actions.
Lors des comités tenus en juin et en juillet 2022, la Réserve Fédérale Américaine décide d’augmenter son taux directeur, dans l’objectif de limiter cette surchauffe économique et de rafraîchir l’activité des marchés d’actions.
Les retombées de cette politique stricte sont disparates et relativement pesantes sur certains acteurs économiques.
Suivez dans ce qui suit le décryptage de l’impact des décisions de la FED sur les marchés d’actions.
Aperçu sur les derniers changements dans la politique monétaire de la FED
La FED (Réserve Fédérale Américaine) s’inscrit dans une démarche de durcissement de sa politique monétaire, dans l’objectif de faire face à l’inflation exponentielle qui commence à vaciller considérablement les marchés financiers mondiaux.
L’inflation a atteint un record de 7% aux Etats-Unis en 2021, le plus haut niveau depuis plus de 40 ans. En juin dernier, la Réserve Fédérale Américaine a annoncé après la réunion de son comité de politique monétaire (FOMC), de rehausser ses taux directeurs de trois quarts de point, pour les positionner entre 1,5 % à 1,75 %.
Cette flambée des taux est maintenue pendant le mois suivant, après l’annonce de la FED, le mercredi 27 juillet, une autre hausse de 0,75 point. Ainsi, les taux se positionnent entre 2,25 % et 2,50%.
C’est la 4ème remontée enregistrée depuis mars 2022, qui est passée par 0,25 point en mars, puis 0,5 point en mai, et 0,75 point en juin et juillet (source), qui est la plus haute depuis 1994.
Ce virage extrême pris par la FED vient dans le but de limiter l’argent en circulation, afin de juguler la hausse des prix et ses conséquences néfastes sur l’économie américaine et mondiale.
La FED a aussi affirmé la réduction de son bilan à 95 milliards de dollars par mois, qui sera suivie par d’autres hausses prévues dans les prochains mois. Les prévisions restent encore floues concernant la valeur de la hausse des taux, qui sera précisée lors du prochain comité de la FED, qui aura lieu entre 20 et 21 septembre.
Des prévisions récentes d’inflation estiment que le taux des fonds fédéraux (Fed funds rate) atteindra 3,3 % d'ici la fin de l'année.
Il peut s’agir d’une augmentation de trois quarts de point ou d’une remontée plus légère d’un demi-point. Ces décisions annoncent les prémices d’une récession économique et développent la méfiance des investisseurs concernant la rentabilité des marchés boursiers.
La flambée des prix a entraîné une dépréciation notable dans plusieurs secteurs à l’instar du marché du logement et de la production industrielle, après leur croissance en 2021.
Par ailleurs, les acteurs économiques réagissent différemment à la décision prise lors de la dernière réunion de la FED en juillet dernier. Notamment, on constate une augmentation dans les embauches, outre une régression de l’inflation et des indicateurs des dépenses. Toutefois, cela reste instable jusqu’à la prochaine réunion du 20 septembre.
Les conséquences des décisions de la FED sur les marchés actions
La dégradation de la stabilité des marchés financiers mondiaux
L’augmentation des taux directeurs américains a affecté sensiblement l’économie mondiale et a bouleversé la sérénité des marchés financiers.
Avec une remontée des taux d’intérêts d'environ le double depuis début mars 2022, cet événement a réduit énormément l’activité des investisseurs qui procédaient à la vente de leurs actions pour protéger leur patrimoine.
Cela s’est aussi répercuté négativement sur les investissements des ménages, à cause de la hausse des taux d’intérêts des crédits hypothécaires et à la consommation. C’est pourquoi les plus frileux ont choisi d’épargner leur argent, qui devient une solution plus intéressante dans le contexte d’inflation actuel, au lieu de spéculer en bourse.
Le durcissement des conditions de crédit
Plusieurs raisons expliquent le taux d’inflation flagrant qui atteint environ 9,1 % sur une année aux Etats-Unis, comme les répercussions de la guerre en Ukraine, la pandémie de COVID-19 et l’augmentation séquentielle du prix de l’énergie.
Dans ce sens, la FED adopte la politique de la hausse des taux pour éradiquer la situation évoquée. Cela a entraîné les résultats suivants :
- L’augmentation des taux d’emprunts qui limite la capacité des consommateurs à obtenir des crédits pour financer leurs projets : achat de maison, de voiture, etc.
- L’incapacité des entreprises à procéder à l’obtention de crédits, à cause des taux des prêts élevés.
- La difficulté de remboursement de dettes chez certains pays émergents.
La baisse des cours des actions des entreprises
Avec la politique monétaire sévère de la FED, les investisseurs éprouvent des difficultés à prendre des emprunts et à propulser leur business. Cela se traduit automatiquement par la baisse des cours de leurs actions.
Par ailleurs, la valeur réduite des actions rend ces placements plus intéressants par rapport aux obligations et plus convoités par les spéculateurs.
La fluctuation du Forex en fonction du dollar
Il est évident que la dynamique du Forex est rythmée par les fluctuations qui affectent la valeur du dollar. Les décisions de la FED créent une atmosphère de forte volatilité qui s’accompagne d’une grande variation dans les spreads. Notamment, le marché financier a enregistré ces mouvements suite à la hausse historique du taux directeur de la FED en juin dernier :
- Le Nasdaq a enregistré une augmentation de 2,50 %, à la Bourse de New York.
- L’indice Hang Seng à Hong Kong a augmenté de 0,97 %, puis il a réalisé une chute brusque de -2,17 %.
- Le DAX a baissé de 2,59%.
- La bourse britannique a réalisé une réduction de -2,40%.
Notamment, la stratégie de montée du taux directeur adoptée par la FED vise principalement à réduire la quantité du dollar en circulation, afin d’augmenter consécutivement sa valeur et de développer les spéculations sur la base de cette devise.
Ainsi, avec une valeur intéressante, le billet vert présente un rapport rendement/risque plus important. Cela permet de susciter l’intérêt des investisseurs et les inciter à réaliser des placements en dollar.
Le ralentissement économique
L’augmentation du taux directeur de la FED se manifeste dans la réduction de l’accessibilité aux crédits, dans l’objectif d’octroyer des prêts plus chers et de borner la hausse des prix. Cela engendre généralement un ralentissement économique, qui dispose de deux facettes :
- D’une part, cela permet de mieux maîtriser la hausse des prix et de reprendre le rythme normal des investissements.
- D’autre part, cela pourrait plonger les bourses mondiales dans la récession.
Le ralentissement de l’activité économique est une arme à double tranchant qui contribue à rehausser la valeur du dollar et à favoriser les placements par le biais de cette devise.
L’augmentation des taux de la BCE
L’impact des décisions de la FED n'a pas de conséquences graves sur le marché d’actions européen, puisque la politique monétaire de la FED n’est pas calibrée sur celle de la Banque Centrale Européenne (BCE).
En novembre 2021, la BCE a exclu l’hypothèse de rehausser ses taux en 2022, afin de supporter la reprise de l’économie européenne, surtout après les conséquences de la crise sanitaire mondiale.
Toutefois, cette décision présente le risque de favoriser le transfert des capitaux vers l’Amérique et la dégradation de la valeur de l’euro par rapport au dollar. Ce qui se traduit naturellement par la hausse de l'inflation sur le continent européen.
Dans cette optique, la présidente de la BCE : Christine Lagarde annonce le 7 septembre dernier la décision de la banque de relever son taux directeur de 75 points de base, pour contourner la croissance vertigineuse de l’inflation.
Dans ce contexte, la BCE procède par la cessation l’achat d'obligations dans cadre du Plan d'urgence face la pandémie (PEPP) mis en œuvre en mars 2020. Par ailleurs, elle déclare d’ajuster sa stratégie d’achat d’actifs financiers dans le cadre de l’APP (le programme standard d’achats d’actifs) pour éviter de perturber le marché boursier européen.
La BCE prévoit encore des taux d’inflation importants qui pourraient atteindre 8,1% en 2022, 5,5% en 2023 et 2,3% en 2024 (source). Pour cette raison, elle préfigure de prochaines remontées de ses taux, pour contrer ce phénomène qui peut se prolonger sur une durée plus longue.
La BCE poursuit le même chemin que la FED, dans l’intention de soutenir l’épargne et de limiter la hausse des prix. A cet effet, Christine Lagarde déclare que la BCE doit continuer à augmenter les taux, pour ramener l'inflation à 2% : l’objectif escompté par cette institution.
Mot de la fin
Après de longues années commodes grâce à la spéculation à des taux bas, le bouleversement du contexte économique mondial et l’inflation rebondissante avec un rythme accéléré ont poussé la FED à prendre des décisions rigides pour s’en sortir.
La banque centrale américaine annonce en juillet dernier le maintien de la hausse de ses taux directeurs, dans le but de limiter l’inflation, ou du moins réduire la tendance haussière de ses taux. Autrement, la prolongation de l’inflation peut induire les marchés d’actions dans la récession.
Certes, la politique resserrée de la FED a des conséquences économiques considérables sur les investisseurs, les particuliers et les entreprises. Par contre, c’est le moyen adopté par cette dernière pour réussir à réaliser un « atterrissage en douceur ».